Il faudra sans doute attendre son prochain titre pour pouvoir dire que Marc Márquez a totalement refermé le chapitre qui s’est ouvert dans la douleur de sa chute à Jerez, en juillet 2020. Mais après deux Grands Prix cette année, il n’est pas trop tôt pour dire que l’Espagnol a retrouvé toute son aura de monstre en piste, affamé de victoire et ne visant qu’elle.

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Deux Grands Prix disputés, et ce sont deux succès de plus qui se sont ajoutés à ses statistiques officielles, le hissant au troisième rang de l’Histoire à égalité avec une légende qu’il admire, Ángel Nieto. Les deux pilotes qui le devancent à présent dans les tablettes sont là pour assister à cette reprise du rouleau compresseur Márquez tel qu’on l’avait laissé en 2019, année de son dernier sacre.

Valentino Rossi, du haut de ses 115 victoires, n’adressera sans doute pas de félicitations publiques à son meilleur ennemi avec ce cap qu’il vient de passer. Giacomo Agostini, lui, n’a aucun mal à exprimer son admiration pour l’Espagnol comme pour quiconque a pu émerger avec talent après sa propre carrière.

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Et non sans humour, mais avec sans doute une pointe d’orgueil immuable chez les grands champions, l’octogénaire émet le souhait que ses statistiques records ne soient pas égalées de sitôt par l’Espagnol, lui qui compte non seulement 122 victoires mais aussi et surtout 15 titres mondiaux.

“J’espère qu’il se lassera avant d’arriver à 15 titres”, sourit le champion de 82 ans dans une interview accordée à La Repubblica. “Je ne lui souhaite clairement pas d’y arriver. Si par malheur il devait y arriver un jour, je ne serai pas du tout content, mais je le féliciterai. Il le mérite.”

Plus sérieusement, Agostini observe avec délectation la marche en avant reprise par Márquez. “Cette année, il vise un neuvième titre et le fait de rejoindre Rossi. S’il y arrive, son prochain objectif sera le dixième titre, il ne pensera à rien d’autre. Mais nous ferions tous la même chose à sa place, c’est beau de gagner.”

Nous ferions tous la même chose à sa place, c’est beau de gagner.

“Si ça ne tenait qu’à lui, il gagnerait les 44 courses au programme, sans laisser la moindre miette. Il va essayer, vous pouvez le parier. Mais il ne faut pas le détester pour cela, vous feriez la même chose à sa place. N’oubliez pas que, l’année dernière, ce garçon a dit adieu à la plus grande marque de moto dans le monde, pour repartir avec une équipe satellite. Il est blessé à l’intérieur, comme un animal, et en un instant [il veut] tout reprendre.”

Une détermination qui fait écho chez Agostini

Parler de Marc Márquez et de sa place dans l’Histoire mène à évoquer le mental hors norme de l’octuple champion du monde, et à plus forte raison aujourd’hui où il démontre avoir su dépasser une crise profonde dans laquelle il a été plongé durant plusieurs années.

“Je me retrouve dans la détermination de Marc : il veut gagner à tout prix. Sportivement, ceci dit, c’est le pilote le plus ‘méchant’ que j’aie jamais vu. Clairement plus que moi”, souligne Giacomo Agostini. Et lui qui eut aussi de grandes rivalités durant sa carrière, il peine à comprendre le regard négatif qui peut être porté sur l’opposition électrique entre Márquez et Rossi, dans laquelle chacun a aussi trouvé une stimulation.

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“D’un point de vue mental, c’est un monstre. Mais, moi, j’ai l’impression que ce qui fait la différence, c’est seulement la piste, les résultats. C’est un champion. Et je ne comprends pas pourquoi il y a une telle haine à son égard. Les critiques, les polémiques… Il s’est disputé avec Rossi ? Mais ça, ce sont des histoires personnelles, elles doivent rester loin des circuits.”

“Rossi était un champion et il avait un naturel de showman. Márquez l’imite parfois, mais je crois qu’il est plutôt obsédé par l’envie de finir devant tout le monde. Ce sont deux pilotes qui ont écrit l’Histoire, très différents dans leur caractère et au guidon. Mais tous les pilotes sont différents, ne serait-ce que dans le style de pilotage. Marc, par exemple, resserre énormément l’entrée dans les virages, Kenny Roberts prenait les virages très large tout en conservant la même efficacité, et moi j’étais un entre-deux.”

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Dans cet article

Léna Buffa

MotoGP

Giacomo Agostini

Marc Márquez

Ducati Team

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