Le MotoGP a introduit cette saison une mise en application plus stricte du contrôle de la pression des pneus. Le but : combler une zone d’ombre dans le règlement, après que des équipes ont été contrôlées l’an dernier en dessous du minimum recommandé par Michelin.
Ainsi, depuis le GP de Grande-Bretagne, disputé au mois d’août, il est officiellement imposé aux pilotes de rouler avec une pression minimale à l’avant (1,88 bar) et à l’arrière (1,7 bar) pendant au moins 50% d’une course de Grand Prix et 30% d’une course sprint.
Michelin a beau avoir conseillé cette règle comme mesure de sécurité, les pilotes l’ont maintes fois critiquée, estimant que les pneus avant perdent en adhérence et en performance au freinage dès que leur pression dépasse 2,0 bars. Autre effet qu’ils pointent souvent du doigt, les dépassements sont devenus plus difficiles et l’agressivité tend à augmenter alors que chacun essaye de gagner des places le plus tôt possible en course, afin d’éviter de rouler en paquet et de voir sa pression grimper trop vite et trop haut.
Alors qu’il a été reproché au Grand Prix de Saint-Marin d’avoir livré une course ennuyeuse, Pecco Bagnaia a une nouvelle fois mentionné la pression pneumatique comme “une grosse limite” potentielle.
“Pour moi, c’est moins sûr [avec] cette règle parce qu’on risque beaucoup plus de tomber”, a-t-il estimé après sa troisième place. “Quand on est derrière un pilote et qu’on doit faire une tentative, il faut prendre de gros risques. On peut très facilement perdre l’avant. Dans les conditions [du GP de Saint-Marin] et sur un circuit comme Misano avec de gros freinages, la pression à l’avant peut être une grosse limite.”
“Mais c’est ce qu’on a, donc il faut mieux comprendre comment progresser sur ce point. Il faut un peu anticiper ce qui va se passer en course parce que si on est seul devant, il faut faire quelque chose avant la course ; si on est derrière, il faut faire autre chose. Ça change beaucoup la donne mais il est certain que cette règle ne rend pas notre championnat plus sûr.”

Certains pilotes se plaignent d’une température et d’une pression pneumatique en hausse quand ils suivent une autre moto.
Interrogé en marge du GP de Saint-Marin sur la possibilité pour Michelin d’aider les équipes à atténuer les difficultés exprimées par les pilotes lorsqu’ils se trouvent dans le sillage d’une autre moto et voient la chaleur et la pression de leur pneu augmenter, Piero Taramasso, responsable deux roues de la marque française, a estimé que c’étaient à elles de s’adapter.
“Le pneu est tel qu’il est. Il y a un manufacturier unique donc ils doivent concevoir la moto autour du pneu. On fournit le pneu et ils doivent trouver la solution pour mieux le faire fonctionner. Ils doivent gérer cela”, a expliqué le responsable. “Le fait est que certaines équipes gèrent cela mieux, et certains pilotes gèrent cela mieux, parce que ce problème ne survient pas tout le temps et partout. C’est juste sur certaines pistes, sur certaines motos et avec certains pilotes. Certaines équipes ont trouvé la solution pour améliorer cela. Vous verrez que certains pilotes ne se plaignent jamais de cela, alors que d’autres s’en plaignent tout le temps. C’est juste dû au style de pilotage ou à la moto.”
Bagnaia estime néanmoins que le manufacturier devrait plus accompagner les équipes dans leur gestion de cet élément délicat. “Je pense que Michelin doit nous aider. Ce n’est pas notre faute si les pneus ont cette construction”, a-t-il souligné, tout en précisant que les produits actuels permettent des performances impressionnantes : “C’est sûr que Michelin progresse parce qu’on fait des chronos incroyables. Le tour le plus rapide [pendant le GP de Saint-Marin] était de 1’31″7 et, en fin de course, on roulait [encore] en 1’32″1 donc les performances des pneus sont incroyables. On a peut-être juste besoin de plus de soutien, de ne pas avoir de pneus préchauffés, des choses comme ça.”
Avec la mise en application de ce contrôle plus strict, l’objectif à long terme est de disqualifier tout pilote qui aurait roulé sous la pression minimale en dehors de la zone de tolérance autorisée. Pour le moment, cependant, les sanctions sont plus légères et graduelles, partant d’un avertissement jusqu’à des pénalités en temps. Depuis le mois dernier, deux pilotes ont enfreint la règle, Maverick Viñales (Aprilia) au GP de Catalogne et Dani Pedrosa (KTM) au GP de Saint-Marin. Tous deux ont reçu un avertissement et savent que toute nouvelle infraction cette saison entraînera une pénalité en temps.
Avec Vincent Lalanne-Sicaud