Révélation de la saison 2024, où il s’est classé sixième du championnat pour ses débuts et a obtenu le plus grand nombre de podiums parmi les pilotes KTM, Pedro Acosta a été rattrapé par la grave crise dans laquelle a plongé le constructeur autrichien, sitôt terminée sa première campagne au plus haut niveau.

Le lancement d’une procédure de faillite et la déclaration d’insolvabilité de Pierer Mobility, maison mère de KTM, ont incité Acosta à se rendre au quartier général de Mattighofen cet hiver afin de faire le point sur les événements, accompagné par son manager. Sa rencontre avec Pit Beirer, directeur de KTM Motorsports, a permis d’apaiser les tensions et l’Espagnol est reparti avec l’engagement que KTM resterait en MotoGP, mais la situation reste sérieuse.

Un premier rapport publié par l’association de créanciers AKV mentionnait le retrait de KTM des championnats MotoGP, Moto2 et Moto3 comme étant l’une des mesures à prendre “afin de réduire les coûts”. Quelques semaines plus tard, selon les informations publiées par Der Standard, cette sortie a été fixée à 2026 après un rapport requis par KTM elle-même auprès du Boston Consulting Group. Cela pourrait correspondre à la fin des contrats en vigueur, tant entre KTM et ses pilotes qu’avec le promoteur du championnat, et éviter à la marque de s’engager dans le développement coûteux d’une nouvelle moto pour le changement de règlement de 2027.

Pour autant, KTM a réaffirmé publiquement son implication dans la course à travers une communication adressée aux médias et aux consommateurs avant Noël, et basée sur l’idée de “surmonter l’adversité”. Insistant sur le fait d’être “là pour rester”, le constructeur a expliqué, entre autres : “Aujourd’hui, KTM AG évolue dans un paysage économique en pleine mutation. Cependant, comme le suggère notre philosophie Ready to race, nous profitons de ce moment pour nous recentrer, faire le plein et nous solidifier.”

VIDÉO – “Here to stay !” : Le message combatif de KTM !

“KTM reste pleinement engagé à offrir des expériences exceptionnelles à ses actuels et futurs clients. Nous continuerons à vibrer et à retrouver notre chemin vers la plus haute marche du podium. Le motorsport est le domaine dans lequel se reflète notre philosophie, et où s’expriment nos innovations technologiques et notre passion pour la compétition.”

Au-delà des discours, il est évident que le talon d’Achille de cet ensemble concerne les travailleurs ayant perdu leur emploi face à cette crise, ainsi que les retards de salaires et de règlements dus aux fournisseurs. Chez KTM, l’état d’esprit a changé en l’espace de quelques jours. Beaucoup désignent Stefan Pierer, PDG du groupe, comme étant directement responsable du stockage excessif de motos qui a fait exploser les actifs immobilisés de KTM, avec une dette cumulée de 3 milliards d’euros.

“Ce qui s’est passé est très surprenant. Je me souviens d’un dîner avec Pierer à la fin de l’année 2022, où il nous mettait déjà en garde contre la crise des ventes prévue pour 2024. Il nous a dit que nous étions préparés. Ce que je ne comprends pas, c’est qu’en tant que grand homme d’affaires et patron de nous tous, il n’ait pas pris de mesures et que la production ait toujours été au maximum”, explique à Motorsport.com une source interne à KTM, en référence aux quelque 250 000 motos qui sont stockées et invendues.

Stefan Pierer, PDG de Pierer Mobility auquel appartient KTM AG.

Photo de : Gold and Goose / Motorsport Images

Ces dernières semaines, Pierer s’est retiré de la gestion sportive pour laisser la prise de décisions à Heinz Kinigadner, une personne en qui il a toute confiance et qui est également actionnaire de la marque. Pendant ce temps, le cours de l’action de Pierer Mobility a atteint son niveau le plus bas, passant sous la barre des 8€ le 28 novembre. L’annonce de la procédure d’insolvabilité le mois suivant a eu un effet revitalisant sur les investisseurs potentiels, qui attendaient des opportunités comme celle offerte par KTM.

Certains, comme Lewis Hamilton lui-même, étaient prêts à reprendre les rênes de l’équipe de MotoGP. L’offre du nouveau pilote Ferrari a cependant peu de chances de se concrétiser car l’objectif est que celui qui prendra le contrôle injecte des capitaux pour sauver l’ensemble de l’entreprise, et pas seulement le département course.

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En dehors du groupe industriel indien Bajaj, qui possède déjà 40% des parts de KTM, le Chinois CF Moto pourrait faire partie de la solution, lui qui est déjà partenaire du groupe sans posséder de parts pour l’instant. Un autre candidat pourrait être Mercedes, que Pierer connaît bien puisqu’il siège à son conseil de surveillance. À plus petite échelle, Maverick Viñales a acquis des actions qui, en un mois, lui ont déjà rapporté un bénéfice de 200%.

CF Moto est déjà présent en Moto3 avec le team Aspar, auquel KTM est associé.

Photo de : Gold and Goose / Motorsport Images

D’après les informations de Motorsport.com, les dirigeants de KTM sont persuadés de pouvoir maintenir à flot leur département course en tant qu’entreprise indépendante. Sauf que les pilotes sous contrat ne sont pas si certains que cela se produira bel et bien, et ils ont commencé à bouger. Celui qui se montre le plus actif, car il est aussi celui qui est le plus attractif sur le marché, c’est Acosta, qui peut se targuer de compter sur une longue file d’attente de prétendants prêts à l’enrôler dans le cas où le constructeur autrichien devait finir par s’écrouler.

Récemment, son manager expliquait à Motorsport.com : “[Tous les constructeurs] m’ont contacté pour me demander comment allait Pedro, en me souhaitant que cette situation ne l’affecte pas, en nous apportant leur soutien et en nous souhaitant le meilleur. Et je sais que toutes les usines, dès le moment où nous serions en position de devoir chercher une alternative, seront ouvertes à l’idée d’aider Acosta. Pedro est un diamant, il a 20 ans, il a déjà montré beaucoup de choses et n’importe quelle usine aimerait avoir ses services.”

Et l’agent d’ajouter : “Je ne peux pas me permettre de laisser s’abaisser la valeur de Pedro sur le marché. Mon travail consiste à mettre en place un projet gagnant le plus rapidement possible. Si je vois que tout ce qui se passe peut affecter les perspectives de Pedro, je commencerai à agir pour m’assurer qu’il dispose des outils dont il a besoin afin de se battre pour le titre en MotoGP.”

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