Dans le duel que se livrent les deux constructeurs japonais, tombés au plus bas ces dernières saisons au point de bénéficier d’une règle sur les concessions remodelée spécialement pour eux, c’est Honda qui a l’avantage après les deux premiers Grands Prix. Deux épreuves disputées sur des pistes peu représentatives de ce que sera le gros de la saison, mais qui ont tout de même eu pour effet de booster les troupes du HRC.
Les résultats ont marqué une nette inflexion par rapport aux courbes récentes. La marque de Tokyo a figuré dans le top 10 des deux sprints et des deux courses principales de ces Grands Prix. En soi, c’est déjà radicalement différent de l’an dernier où cette zone n’a été atteinte que deux fois le dimanche par Johann Zarco et une fois dans le format sprint par chacun des quatre pilotes du constructeur.
Et il ne s’agit pas cette fois de flirter avec ce top 10 mais bien d’y tenir une place solide : Zarco est monté jusqu’au quatrième rang au sprint argentin, et il a fait sixième et septième lors des courses longues, à chaque fois mieux que les KTM au minimum. L’effet est net au championnat, et il l’est collectivement : à trois (le rookie Somkiat Chantra n’a pas encore ouvert son compteur), les pilotes de la marque ont engrangé plus du tiers du total qu’avait obtenu le HRC sur toute l’année dernière.
C’est Johann Zarco qui porte sur ses épaules le leadership de ce petit groupe à ce stade. En dehors de ses positionnements en course, il a aussi livré une performance impressionnante en qualifications en Argentine en décrochant une place en première ligne. Le Provençal est dans une dynamique qu’on ne lui avait encore jamais connue avec Honda, à tel point qu’il figure fièrement au cinquième rang du classement général.
“Curieux de voir Austin”, Zarco espère bien évidemment pouvoir maintenir ce niveau de performance sur la troisième piste qui attend les pilotes MotoGP cette année. Il sait aussi cependant qu’il doit prendre ces premiers pas pour ce qu’ils sont, sans forcément en tirer de grandes conclusions pour le moment. “C’est juste super bien”, soulignait-il avait de quitter Termas. “C’était presque un week-end de rêve pour nous par rapport à ce qu’on a vécu l’an dernier. Si je regarde juste le classement, je suis le premier derrière les Ducati, donc c’est bien ! [rires]”

Johann Zarco à la lutte face à la Ducati de Fabio Di Giannantonio
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Légèrement déçu de ne pas avoir pu décrocher le podium en Argentine, Zarco voit-il cette cible atteignable régulièrement par Honda ? “J’adorerais ça et je l’espère ! Je peux juste l’espérer. C’était bien d’avoir ces performances en Argentine”, a-t-il répondu à cette question. “On avait une grosse chance de podium. Je pense que ce ne sera pas tout le temps comme ça, mais ça va nous apporter des informations pour savoir si on peut être là ou pas pour les prochaines courses.”
Le pilote LCR s’est néanmoins dit conscient que la suite représentera un nouveau challenge. “Austin sera une piste différente, si on peut encore avoir une bonne performance là-bas, ce sera positif”, a-t-il fait remarquer, rappelant également le déficit de moteur qui continue à peser sur la Honda : “C’est sûr que ça n’aide pas. On a besoin de moteur et on a encore besoin de contrôler ces vibrations. Sur les endroits importants de la piste, ça n’aide pas à préparer le virage suivant.”
Faible moteur et vibrations : une perte de temps “pour rien”
Honda a beau être le constructeur le plus victorieux à Austin, et de loin, ses succès doivent beaucoup aux qualités passées de la RC213V et à la supériorité personnelle de Marc Márquez et d’Álex Rins sur place. C’est là que la marque a décroché ce qui est à ce jour sa dernière victoire, il y a deux ans, avec la performance inattendue de Rins, à qui le COTA convient si bien qu’il avait pu y compenser sa méconnaissance de la Honda et les défauts dont la moto a souffert cette année-là face à la concurrence.
Les pilotes Honda actuels n’ont sans doute pas cet atout dans leur manche pour espérer reproduire cet exploit cette semaine. Et techniquement, ils restent réalistes en dépit des progrès réalisés. Outre le déficit de puissance qui pèse fortement face aux autres motos en ligne droite, ils restent en effet touchés par des problèmes de vibrations face auxquels les ingénieurs continuent de se triturer les méninges.

Les vibrations du train arrière restent un souci non résolu sur la Honda.
Photo de: HRC
“On n’a pas assez de grip sur l’angle à l’arrière, et chaque fois que le pneu se dégrade on commence à avoir des vibrations”, décrivait encore Luca Marini en quittant l’Argentine. “Il faut qu’on règle ça parce qu’on perd deux ou trois dixièmes gratuitement par tour. Il faut qu’on trouve une solution dès que possible parce que ça a aussi été un problème l’année dernière en fin de saison. On perd simplement du temps pour rien.”
Joan Mir, lui, est persuadé que ce désavantage va peser sur les espoirs de Honda au Texas. “J’espère que ça va arriver, j’en suis sûr”, commentait l’Espagnol en évoquant le top 6 après l’Argentine. “Probablement pas à Austin mais sur des pistes avec des lignes droites plus courtes !”
Alors, comment garder la bonne dynamique du moment au Texas malgré une configuration de piste sans doute plus complexe pour Honda ? “Pour moi, il faut juste qu’on conserve les changements qu’on a faits sur la moto”, a suggéré Marini. “Nos motos à Joan et moi, mais aussi celle de Johann, sont assez différentes dans leurs réglages par rapport à Buriram, mais c’est aussi une piste complètement différente, et avec des pneus différents.”
“Il faut qu’on comprenne de quelle base il nous faut partir vendredi à Austin, car ce sera la clé pour passer directement en Q2, comme l’a fait Zarco [en Argentine]. Après, si on arrive à faire de très bonnes qualifs, la course en est complètement différente.”
Avec Vincent Lalanne-Sicaud
Dans cet article
Léna Buffa
MotoGP
Johann Zarco
Luca Marini
Joan Mir
Honda HRC
Team LCR
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