Lancé dans une lutte face à Pecco Bagnaia qui brille par son fair-play, Jorge Martín n’a cessé de répéter, tout au long du week-end de Sepang, à quel point il était honoré d’être acteur d’une telle bagarre. “C’est un privilège pour moi d’arriver à la dernière course de la saison en me battant pour le titre avec un double champion du monde”, soulignait-il encore après leur passe d’armes d’anthologie au GP de Malaisie, directement entrée parmi les plus beaux moments qu’ait pu nous offrir le MotoGP.
Indépendamment du plaisir pris dans ces courses qui les voient afficher toute l’étendue de leur talent, les deux compétiteurs ont toutefois pour seul objectif la finalité, à savoir ce titre qu’ils ont tous les deux la possibilité de remporter. La balance penche très largement en faveur de l’Espagnol, lancé dans une tentative de revanche après avoir échoué l’an dernier. Pour passer le dernier cap, il a voulu changer d’approche, s’apaiser mentalement et assurer autant de points que possible à tout moment, sans dépasser la ligne rouge pour tenter de cumuler les succès.
Avant le dernier round, Bagnaia a donc un avantage net en termes de victoires de Grand Prix, puisqu’il a atteint le chiffre de dix succès cette année, là où Martín n’en compte que trois. “Je l’aiderais à gagner sa 11e course si, moi, je termine en étant champion du monde”, sourit le pilote Pramac Racing, dont la priorité est ailleurs.
“L’important, c’est l’objectif final, pas les victoires”, assure-t-il. Et de souligner : “Il vit un moment différent, il est en MotoGP depuis six ans, il est dans une équipe d’usine, il a tout, un environnement qui est prêt à gagner. J’ai une équipe de 12 personnes qui se battent seules contre le monde. En tenant compte de cela, réaliser ce que nous avons réalisé, à savoir sept sprints, trois victoires [de GP] et 30 podiums [15 en GP et 15 en sprint]… Je ne peux pas en demander plus.”
Par cette description, Jorge Martín rappelle son statut de pilote d’une équipe satellite, lui qui aura tout autant affiché son attachement à Pramac que son souhait de voir ses performances récompensées par une promotion dans une équipe officielle. Plusieurs fois passé à côté du guidon d’usine Ducati, le Madrilène trouvera refuge l’an prochain chez Aprilia et n’a plus que ce dernier Grand Prix à disputer avec Pramac.
Son union avec le team de Paolo Campinoti aura été fondatrice, puisque c’est cette équipe qui l’a accompagné dans ses débuts en MotoGP, il y a quatre ans, qui l’a soutenu après son grave accident dès son troisième Grand Prix, puis qui l’a accompagné vers ses premières victoires et deux saisons de lutte pour le titre. Ensemble, ils ont conquis le championnat des équipes la saison passée et pourraient réaliser l’exploit de coiffer la couronne pilotes, du jamais-vu pour un team indépendant dans cette catégorie.
Bien qu’il s’agisse de la fin d’un chapitre, le pilote de 26 ans n’y voit pas son unique chance de remporter le titre MotoGP : “Non, absolument pas. Je pense qu’il me reste encore de nombreuses années à faire en MotoGP. Je pense que j’ai atteint un grand niveau et j’ai toujours le même désir d’être meilleur chaque jour. On verra bien ce que l’avenir nous réserve, mais pour l’instant je me concentre sur le présent. J’ai une grande opportunité et je ne veux pas la rater.”
Avec Germán Garcia Casanova
VIDÉO – Le résumé du Grand Prix de Malaisie