Désormais officiellement investis dans leur nouveau rôle de pilotes Aprilia, Jorge Martín et Marco Bezzecchi peuvent s’exprimer librement au sujet de leur nouvelle moto. Tous deux ont donc profité de la présentation officielle de l’équipe de Noale pour revenir sur ce qu’ils ont ressenti au moment de leurs premiers tours de roue au guidon de la RS-GP.
“Le test a été très sympa”, se souvient Bezzecchi. “D’abord, c’était très émouvant de prendre la piste avec l’Aprilia et de voir les visages heureux des ingénieurs et des mécaniciens quand je suis rentré au box. Je ne suis pas habitué à avoir autant de personnes autour de moi quand je m’assois, c’était très fort en émotions. Et puis j’ai eu de bonnes sensations.”
“Au test de Barcelone, j’étais encore dans la gueule de bois du dimanche ! Croyez-moi, c’était vraiment difficile de piloter, c’était une grosse fête !”, se remémore pour sa part un Martín goguenard, titré deux jours plus tôt. Ses souvenirs ne sont pourtant pas si embués que cela : “Quand je suis monté sur la moto, je ne savais pas à quoi m’attendre donc je n’avais vraiment rien en tête. Mais les sensations sur l’avant étaient incroyables. Je l’ai déjà dit, je pense que c’est la meilleure moto que j’ai pilotée en ce qui concerne l’avant, c’était fou.”
“Dès que j’ai pris la piste, l’avant m’a frappé parce qu’il était incroyable. On aurait dit une moto de route avec laquelle on ne va pas forcément très vite mais qui donne toujours un gros feedback. Avec la Ducati, ce feedback n’a jamais été à 100%, alors qu’avec l’Aprilia je le sens au-delà, comme si c’était trop bien”, précise le pilote espagnol.
N’ayant comme lui que l’expérience de la Ducati en MotoGP, Bezzecchi a lui aussi été frappé par ce train avant extrêmement bien ancré dans le sol : “J’ai eu beaucoup de sensations positives sur cette moto, une stabilité fantastique sur l’avant, qui est un peu une caractéristique de l’Aprilia, et une excellente aérodynamique qui la rend aussi très stable.”

Marco Bezzecchi lors de son premier test avec l’Aprilia.
Photo de: MotoGP
“J’étais un peu lent au début, puis j’ai commencé à prendre de la vitesse et à voir quels étaient les problèmes pour moi”, poursuit Martín, dont la voix va compter plus que jamais dans l’orientation technique à suivre. “Ça n’était peut-être pas le cas pour Aleix [Espargaró] ou Maverick [Viñales] mais pour moi, il y avait quelques problèmes, comme les mouvements, elle était un peu moins stable que la Ducati. Puis on a commencé à faire des changements et tout est devenu plus stable.”
Des commentaires similaires pour les deux pilotes
Durant cette première journée, les deux pilotes ont d’abord découvert l’Aprilia avec le modèle 2024, qu’ils ont toutefois rapidement délaissé pour se concentrer sur la spec 2025, alors en cours de préparation. Malgré leur courte expérience de la moto de Noale pour le moment, tous deux s’accordent à dire que la version 2025 représente une amélioration par rapport à sa devancière.
“On a testé des nouveautés pour 2025, qui étaient assez bonnes, [notamment] sur le carénage. Dans l’ensemble, la nouvelle moto marque une grosse évolution par rapport à 2024 donc je suis vraiment optimiste”, se félicite Martín. “J’ai aussi un peu de mal avec la motricité mais je pense que ça vient plus de mon adaptation à la moto que de la moto elle-même. Je sens qu’elle est vraiment bonne et performante, mais j’ai besoin de temps pour la découvrir, comprendre où attaquer, où gagner du temps ou essayer d’y aller plus doucement.”
“La plus grande différence est que la moto de 2025 tournait un peu mieux, selon moi”, explique Bezzecchi lorsqu’il est interrogé sur les différences entre les versions 2024 et 2025. “Il y a beaucoup d’aspects sur lesquels il nous faut travailler, évidemment, mais pour moi ça a été un bon point de départ et on a tous les deux fourni les mêmes indications et fait les mêmes commentaires aux techniciens. Ça aussi, c’était important car ça voulait dire que nos sensations étaient similaires. Ça a permis à toute l’équipe et aux ingénieurs de se focaliser sur deux voies similaires pour les deux pilotes pendant l’hiver.”

La moto présentée à Milan jeudi est la version 2025 de la RS-GP, avant quelques évolutions attendues pendant les tests.
Photo de: Aprilia Racing
À Noale, les commentaires des pilotes ont été intégrés au processus de développement en cours, Fabiano Sterlacchini ayant bien saisi quelle était leur première requête. “Après les tests que nous avons faits, nous nous sommes beaucoup concentrés sur la partie électronique en lien avec le moteur, en essayant de comprendre comment rendre la moto plus calme. Cela a aussi été mentionné par d’autres pilotes mais Marco et Jorge, quand ils sont montés sur la moto, ont souligné qu’il s’agissait d’un aspect sur lequel travailler”, explique le nouveau directeur technique.
L’Italien précise que l’équipe a “entamé un parcours” avec différentes pièces et évolutions en cours de préparation, qu’il faudra ensuite monter sur les motos afin de les tester. Pour autant, la moto telle qu’elle a été présentée jeudi à Milan n’est pas qu’une nouvelle livrée, mais bel et bien la RS-GP25 qui roulera au prochain test de Sepang. “Nous avons préparé du matériel que nous devons maintenant tester et nous introduirons les différentes mises à jour petit à petit, mais la moto est celle-ci”, assure Sterlacchini.
S’il concède qu’il y a “évidemment du travail à faire”, Bezzecchi pointe “une bonne base” et dit son impatience de retrouver bientôt la piste pour entrer plus en profondeur dans son adaptation. Il sait qu’il va devoir faire évoluer son style de pilotage : “La moto m’a immédiatement mis très en confiance et ça change pas mal de la Ducati, où la position est différente si bien que la moto réagit différemment. Après, la manière de piloter est aussi complètement différente donc il a fallu que je m’adapte tour après tour.”
Et là aussi, Martín fait écho à son nouveau coéquipier : “Au test de Barcelone, je pilotais encore comme si c’était une Ducati. C’est sûr que je vais devoir beaucoup changer mon style. J’ai déjà beaucoup travaillé cet hiver pour analyser ce que je peux mieux faire, j’ai regardé beaucoup de courses pour comprendre ce qu’ils faisaient, avec Maverick à Austin ou Aleix à Silverstone − le positif. Je pense que la moto est vraiment bonne, il me faudra du temps pour m’y adapter, c’est tout. On va pouvoir faire du bon travail.”
Avec Vincent Lalanne-Sicaud
Dans cet article
Léna Buffa
MotoGP
Jorge Martín
Marco Bezzecchi
Aprilia Racing Team
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