Il s’en serait bien passé, mais Jack Miller aura eu l’honneur d’être le premier à tomber en course cette saison. L’Australien, qui débute avec Yamaha, admet ne pas avoir suffisamment prêté attention aux signaux d’alerte que lui a envoyés sa moto alors que son pneu se dégradait et que l’adhérence commençait à devenir critique.
Attiré par le top 5 qu’il sentait à sa portée, et peut-être même mieux au vu des écarts plutôt faibles dans la file indienne qui s’était formée, Miler a fini par se faire rappeler à l’ordre par la M1 et mordre la poussière.
“J’attaquais fort et j’ai ignoré tous les signaux d’alerte que la moto m’envoyait”, reconnaît le pilote Pramac. “J’ai eu quelques chaleurs − enfin, pas des chaleurs mais juste un peu de sous-virage dans le dernier virage, puis au virage 6 et j’ai continué à pousser, peut-être un peu trop à ce moment-là.”
“Mais je n’ai pas changé [la manière d’entrer] dans le virage 8, j’ai freiné de la même façon, avec la même inclinaison, la même trajectoire. C’est juste qu’elle s’est dérobée. On était simplement à ce moment critique du pneu, quand il a atteint son pic de température et de pression. Tout était sous contrôle, mais disons qu’on passe alors d’un très bon pneu à un pneu qui commence à se dérober, et j’ai ignoré les signaux d’alerte.”
Au moment de passer le cap de la mi-course dans ce sprint, Miller occupait la sixième place à moins d’une seconde de Franco Morbidelli, lui-même tout proche d’Ai Ogura et de Pecco Bagnaia. Premier pilote Yamaha dans la hiérarchie grâce à la quatrième place qu’il a décrochée sur la grille puis à un bon départ, l’Australien n’a pas résisté à la progression qu’il croyait encore possible pour la seconde partie de l’épreuve.
“J’avais Frankie devant moi et je revenais sur Pecco, donc j’espérais qu’une bagarre allait commencer entre eux, qu’ils allaient perdre un peu de temps et que ça allait m’aider. J’avais l’impression de m’être détaché des gars derrière moi et j’essayais juste de m’accrocher autant que possible, mais c’était un peu trop… Mais bon, j’ai pris du plaisir et on va apprendre de cette expérience et, j’espère, faire mieux demain.”
Débrancher le cerveau ? Évidemment !
Il a pris du plaisir, en effet, car malgré cette issue malheureuse à son sprint, Jack Miller montre d’évidents signes de bonne adaptation à la Yamaha, lui qui tend actuellement à rivaliser avec les performances de Fabio Quartararo, voire à faire encore mieux que le Français, habituellement leader du clan d’Iwata. Alors que le champion du monde 2021 a commenté cette performance de l’Australien en déclarant qu’il “débranche plus le cerveau”, le principal intéressé rit plutôt de cette description.
“Absolument”, répond-il quand il lui est demandé s’il débranche son cerveau pour de qualifier. “En Q1 et en Q2, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de gars qui ne débranchent pas leur cerveau. Quand vous lancez une moto dans un virage à 300 km/h… Si mon cerveau était connecté, il me dirait de m’arrêter ! Mais non, c’est ce qu’on doit faire.”
“Pendant le sprint, mon cerveau fonctionnait, je savais ce que j’essayais de faire, c’est-à-dire essayer de semer les gars qui étaient derrière moi et de rester aussi longtemps que possible au contact avec [ceux de devant]. Comme je l’ai dit, je pensais que ce groupe était en train de se resserrer et j’espérais qu’il y aurait des dépassements.”

Jack Miller (Pramac Racing)
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Plus qu’une approche simplement téméraire et irréfléchie, Miller met sa performance globale sur le fait qu’il est déjà en phase avec la M1 : “C’est l’impression que ça donne, clairement. Quand les signaux d’alerte sont apparus cet après-midi, je l’ai senti […] mais je les ai en quelque sorte ignorés. Je sens clairement que je peux placer la moto là où j’ai besoin, la faire glisser et lui faire faire ce que je veux. C’est juste une question d’intuition du pilote par opposition à la volonté, disons. Au final, j’étais là et je me sentais bien, et je ne voulais pas perdre ça. Malheureusement, ça a été le cas alors on va apprendre de ça et aller de l’avant.”
Il admet volontiers se sentir tout de suite plus performant qu’avec la KTM l’année dernière − “Oui, le pneu arrière n’essaie pas de se faire la malle à chaque fois que je passe un virage” − et ne souffre d’aucune vibration. “C’est la raison pour laquelle j’ai un grand sourire sur le visage à chaque fois que je descends de la moto ! Même aujourd’hui, après ma chute : on comprend pourquoi c’est arrivé, c’est assez clair.”
Et de réfléchir tout de même : “Peut-être que j’aurais dû garder mon cerveau un tout petit peu plus connecté… Mais après trois ou quatre mois sans monter sur la moto, et après ne pas avoir été compétitif depuis un moment, ça fait du bien d’être de retour à l’avant et de challenger ces gars-là, surtout sur un circuit comme celui-ci où l’on a fait des tests et où tout le monde est à un niveau très élevé.”
VIDÉO – RÉSUMÉ : la course sprint du GP de Thaïlande
Dans cet article
Léna Buffa
MotoGP
Jack Miller
Pramac Racing
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