Alors que le premier tiers du championnat est passé, la situation chez KTM interroge. Pedro Acosta multiplie les messages d’alerte à l’encontre du constructeur, sans toutefois franchir le pas d’annoncer une volonté de départ. Malgré des performances qui le déçoivent, il domine son coéquipier Brad Binder, le plus ancien de la bande, de façon nette et régulière. Quant au team Tech3, qui a accueilli deux nouveaux venus dans le groupe KTM, il a vu émerger un Maverick Viñales aussi convaincant en piste qu’en dehors, et s’effondrer Enea Bastianini.

Sachant que les positions ont souvent été interchangeables par le passé dans le quatuor de Mattighofen, où les quatre pilotes sont directement sous contrat avec le constructeur plutôt qu’avec une équipe, on peut s’interroger sur la tournure que prendra le line-up si la dynamique devait rester aussi déséquilibrée.

“Les faits sont clairs : les contrats permettraient un changement”, concède Hervé Poncharal à GPOne. Et d’ajouter : “Les quatre pilotes sont sous contrat avec KTM pour 2025 et 2026, alors la balle est dans le camp de Pit Beirer, le directeur du motorsport. Je pense que Pit et la direction de KTM sont assez satisfaits des binômes de pilotes actuels. Je ne pense pas qu’il y aura de changement.”

Hervé Poncharal

Hervé Poncharal

Photo de: Marc Fleury

“Pedro et Brad courent pour l’équipe officielle et je crois que l’atmosphère et la relation de travail y sont très bonnes. Quant à Maverick, il a souvent complimenté Tech3 et le staff. Il n’y a pas de différence au niveau des motos : les pilotes KTM Tech3 reçoivent le même soutien que ceux de l’équipe officielle. Je ne sais pas si un changement de personnel aurait du sens, mais honnêtement, cette situation ne m’inquiète pas particulièrement.”

Cependant, le patron du team Tech3 le sait bien, la poursuite de telles performances de la part de Viñales pourrait inciter à un transfert de sa part dans l’équipe d’usine qui, en dépit de l’égalité de moyens, aurait des allures de promotion. “Il y aura des discussions, probablement entre Pit, Maverick et moi. Mais pour le moment, je n’arrive pas imaginer Maverick exercer de pression sur qui que ce soit pour intégrer l’équipe officielle”, souligne-t-il.

La situation de Bastianini attriste Poncharal

En attendant, la situation d’Enea Bastianini ne peut qu’interpeler. L’Italien ne parvient pas à se faire à la RC16, et même un test jugé enthousiasmant par ses collègues l’a laissé de marbre, lui qui n’attend qu’une pièce qui pour le moment n’est pas disponible.

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“Ça m’attriste de voir qu’un grand pilote comme Enea n’ait pas réussi à s’adapter à la KTM jusqu’à présent”, regrette Hervé Poncharal. “Il fait de gros efforts pour cela, il s’investit au maximum et il a à ses côtés le chef mécanicien qu’il adore, Alberto ‘Pigiamino’ Giribuola. Ils sont très heureux de pouvoir travailler ensemble pour la première fois depuis leur saison 2022 chez Gresini, mais pour des raisons que nous ne comprenons pas encore totalement, nous n’avons jamais réussi à donner à Enea les sensations qu’il attendait de la part de la RC16.”

La situation devient très compliquée pour Enea Bastianini.

La situation devient très compliquée pour Enea Bastianini.

Photo de: Rob Gray / Polarity Photo

Alors que Viñales s’est battu pour la victoire au Qatar et a su multiplier les apparitions dans le top 5-6, y compris en qualifications, Bastianini a obtenu en tout et pour tout trois entrées dans le top 10. Jamais qualifié plus haut que la 17e position, l’Italien décrit inlassablement des difficultés à se sentir à l’aise et à faire performer sa moto.

“Il sait que la KTM est compétitive, il voit ce que sont capables de faire son coéquipier Viñales, ainsi que Pedro et Brad, mais pour le moment Enea n’a pas réussi à obtenir les résultats qu’il espérait, surtout le vendredi et en qualifications, et ça me désole vraiment”, déplore Hervé Poncharal. “Ça me rend triste, par exemple, quand au soir du test d’Aragón, d’un côté du stand il y a de la joie après avoir signé le meilleur temps, tout le monde est positif et souriant, et de l’autre on voit des mines déconfites.”

“Nous nous creusons la tête, nous réfléchissons à ce que nous pouvons faire pour aider Enea, mais après trois tests hivernaux et huit Grands Prix, on peut dire que l’on a pratiquement tout essayé pour adapter la moto à son style de pilotage. Nous travaillons dur pour comprendre quelles autres avancées sont possibles afin de lui apporter un déclic et de permettre à Enea de trouver les sensations qu’il recherche.”

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