Depuis ses premiers succès, il y a trois ans, Pecco Bagnaia a écrit les premières pages d’un chapitre qui promet déjà de compter dans l’Histoire du MotoGP. En 99 Grands Prix dans la catégorie reine, il affiche un total de 45 podiums (soit près d’une course sur deux) et compte 25 victoires, devenu depuis le début de l’été le pilote le plus victorieux qu’ait connu Ducati dans ce championnat, mieux que les Casey Stoner et Andrea Dovizioso.

À ce stade de la saison, alors qu’il défend son titre pour la deuxième fois, Bagnaia a déjà remporté sept Grands Prix, soit le score qu’il a atteint ces deux dernières années à l’issue du championnat. De plus en plus performant, il réussit à réduire son nombre d’erreurs dans les moments sensibles, ce qui fait de lui, à 27 ans, une véritable référence du MotoGP, prêt à s’inscrire dans la durée.

“C’est incroyable de voir à quel point il a grandi en tant que pilote, parce qu’au début, il était très en difficulté en pneus usés ou dans les gros freinages, or maintenant je pense qu’il est le meilleur pilote Ducati dans ces deux domaines”, explique à l’édition anglaise de Motorsport.com Cristian Gabarrini, fidèle du clan de Bagnaia, dont il dirige l’équipe technique depuis l’arrivée de l’Italien en MotoGP après avoir forgé son expérience auprès de quelques-uns des plus grands, Casey Stoner et Jorge Lorenzo en tête..

“Sa plus grande qualité, c’est le freinage”, acquiesce Manuel Poggiali auprès de Motorsport.com, lui qui peut compter sur sa propre carrière pour analyser des performances auxquelles il a un accès privilégié, aujourd’hui coach des pilotes d’usine Ducati. “Il freine très fort et plus tard que les autres pilotes. Il est difficile à dépasser dans cette phase et il est plus facile pour Pecco de dépasser, même si actuellement en MotoGP, il n’est pas facile de piloter normalement quand on suit un autre pilote.”

Ayant lui aussi travaillé étroitement avec Bagnaia avant de rejoindre Yamaha, où il côtoie à présent Fabio Quartararo, dernier pilote à avoir battu le Turinois au championnat, l’ingénieur Max Bartolini voit chez lui un grand champion qui n’a pas encore exploré toute l’étendue de son talent.

“Du point de vue du pilotage, ils sont forts tous les deux au freinage”, décrit-il, interrogé par Motosprint sur un parallèle Bagnaia-Quartararo, “Pecco plus dans la seconde partie, Quartararo dans le freinage ‘classique’ d’autrefois. À certains moments, Bagnaia est plus réfléchi ; Fabio c’est du talent pur, il entre en piste et il va à fond. Pecco calcule bien ce qu’il fait quand il en a besoin. En termes de vitesse, je ne pense pas que Pecco soit déjà arrivé au maximum de son potentiel, j’en suis convaincu.”

Pecco Bagnaia est-il armé pour résister à la pression d'avoir Marc Marquez en tant que coéquipier ?

Pecco Bagnaia est-il armé pour résister à la pression d’avoir Marc Márquez en tant que coéquipier ?

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

“Il a la capacité de grandir, de s’améliorer et de comprendre beaucoup de choses importantes sur le pilotage. Je pense qu’il continue à s’améliorer, parce qu’il continue à nous montrer encore plus de précision par rapport à ne serait-ce que quelques courses plus tôt”, renchérit Cristian Gabarrini.

“Il s’est amélioré dans tous les domaines. Il y en a, comme la vitesse sur un tour, qui étaient là depuis le début. Il avait déjà cela, mais, par exemple, le fait de mener une course, de ne pas faire d’erreurs et de maintenir un rythme très régulier, il l’a fait année après année, course après course. Alors je ne pense pas qu’il va s’arrêter”, a ajouté Cristian Gabarrini, confiant quant à ce que son pilote pourra démontrer lorsqu’il changera de coéquipier.

La pression ? “Pecco parvient très bien à la gérer”

Car, tout en se battant pour un troisième sacre consécutif, Pecco Bagnaia se prépare aussi au prochain défi qui l’attend, lorsque Marc Márquez intègrera l’équipe officielle Ducati à ses côtés, la saison prochaine. Un changement qui pourrait être perçu comme une source d’inquiétude pour l’Italien tant les bookmakers semblent d’ores et déjà convaincus que le #93 sera inarrêtable une fois qu’il aura la pleine possession de la Ducati la plus évoluée possible. Pourtant, son ingénieur ne voit aucune raison pour lui de s’inquiéter de l’atmosphère qui règnera dans le stand lorsque le plus grand palmarès du MotoGP actuel deviendra son coéquipier.

Cristian Gabarrini est tout bonnement certain que son pilote sait composer avec la pression : “Chaque fois que l’on pilote une moto rouge, on a la pression et, à mon avis, Pecco parvient très bien à la gérer. Dans certaines courses difficiles, il a montré à plusieurs reprises qu’il pouvait être en difficulté, mais il a ensuite bien terminé la course. Il n’a jamais perdu la tête.”

“Il est fort mentalement”, ajoute Manuel Poggiali. “Il a fait des erreurs, comme tout le monde, mais on peut voir qu’il en est sorti plus grand. Il comprend pourquoi il a fait une erreur. C’est l’une de ses plus grandes qualités, et c’est la mentalité d’un champion.”

Propos recueillis par Adam Wheeler

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