Leur lutte a sublimé ce GP d’Espagne et, à l’issue de la course, Pecco Bagnaia et Marc Márquez étaient d’accord pour dire qu’ils ont mené ce duel de manière intelligente. L’une des tentatives de dépassement de l’Espagnol s’est pourtant soldée par un contact musclé, qui a laissé de très larges traces de gomme sur son cuir après que son bras et sa cuisse se sont retrouvés en appui sur la roue avant de la Ducati #1. Mais soulignant leur respect mutuel, les deux hommes se sont félicités d’une bagarre dans les règles.

“Oui, parce qu’il ne s’est pas passé ce qui s’est passé à Portimão ou ce qui m’est arrivé hier”, a fait remarquer Bagnaia lorsqu’il lui a été demandé s’il était content du spectacle livré dans ce duel, lui qui n’a pas oublié ses récentes chutes et notamment son accrochage avec l’Espagnol au GP du Portugal.

 

“Parfois, les bagarres sont plus intenses”, a-t-il observé. “On peut avoir des contacts, d’autant qu’il est plus difficile d’avoir des dépassements normaux aujourd’hui. Tout le monde est très fort au freinage et en entrée de virage, et quand on freine aussi fort, il peut arriver facilement que celui qui est à l’intérieur et qui essaye de dépasser élargisse un peu, et il faut essayer de croiser la trajectoire. Ça peut arriver.”

“Je suis l’un de ceux qui disent que c’est la course et, parfois, ça peut arriver”, a renchéri Márquez, estimant néanmoins qu’il avait sa part de responsabilité dans le fait que cette lutte ne se soit pas terminée par une chute alors qu’ils étaient, selon lui, “très proche de tomber ensemble”.

“Aujourd’hui, j’ai été assez intelligent et j’ai lâché au bon moment”, a analysé Márquez, “sinon Pecco, moi ou nous deux, on serait tombés. Quand on passait le virage 10 et que j’ai reçu ce coup sur le bras et sur la jambe avec sa roue avant, à ce moment-là, il y avait deux possibilités : soit je tombais parce que je perdais l’arrière, soit il tombait comme hier.”

“Donc j’ai relâché, j’ai redressé la moto et j’ai coupé l’accélération pour ne pas faire de highside. Et, oui, j’ai perdu une position mais j’ai pris 20 points, alors parfois ça n’est pas seulement le pilote qui crée la situation qui prend la responsabilité de toute l’action. Parfois, le pilote qui reçoit l’impact peut aussi l’éviter et, cette fois, j’ai été assez intelligent pour éviter cette chute et bien réagir face à ce contact de la part de Pecco.”

Marc Márquez garde des traces de sa lutte contre Pecco Bagnaia.

Marc Márquez garde des traces de sa lutte contre Pecco Bagnaia.

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

S’il a tenté de s’attaquer à Bagnaia quand il l’a rejoint, c’est que Márquez sentait la victoire possible, à condition de profiter de l’opportunité sans attendre car il perçoit la Ducati plus difficile à manier quand il se trouve dans le sillage d’un autre pilote. “C’est dans le premier dépassement au virage 9 que se jouait la victoire, car le pneu était prêt à le faire. Mais quand j’ai fait un tour et demi ou deux tours derrière lui, j’ai vu que la moto était déjà impossible à bien stopper aux points de freinage”, a-t-il expliqué.

Bagnaia n’a en tout cas pas été étonné par l’attaque de l’Espagnol : “Chaque fois qu’on doit se battre contre Marc, on sait qu’il faut être très agressif !” Et d’ajouter qu’il a “pris beaucoup de plaisir dans cette bagarre”, même si, “quand on se bat contre Marc, on sait qu’il faut sortir les coudes parce que c’est intense !”

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Le double champion en titre a jugé la manœuvre bien menée : “Quand on se bat comme ça, on sait qu’on peut avoir un contact. Je pense que ça a été assez doux et intelligent. J’étais à l’intérieur et il a juste essayé de passer autour de moi. Mais dès qu’on est arrivé à la corde, on s’est touché. Il a relevé un peu, je me suis incliné plus, parce que si je m’étais redressé aussi je serais allé de l’autre côté, donc il y a eu un contact mais d’une manière intelligente.”

“C’était à la limite”, a ajouté Márquez, qui sait lui aussi à qui il a affaire. “Il a bien défendu sa position. On a évité cette chute. Je commence à comprendre que Pecco est toujours là. Parfois ça se passe bien, d’autres fois non. Mais il a défendu d’une manière correcte. C’est la course. C’est fait, bravo à lui pour la victoire !”

VIDÉO – Le résumé du Grand Prix d’Espagne