Sur les 25 pilotes qui ont pris le départ du sprint de Jerez, 15 sont tombés en seulement 12 tours de course. Une fois passé la mi-parcours, les accidents se sont enchaînés d’une manière spectaculaire, puisque dix chutes se sont produites entre le septième tour et l’arrivée, et même cinq parmi les sept premiers pilotes en l’espace de trente secondes.

C’est là que Maverick Viñales a lui-même mordu la poussière. Il venait d’hériter de la troisième place quand il est tombé dans le virage 5, au dixième tour. Dans la boucle précédente, on avait vu Álex Marquez, Brad Binder et Enea Bastianini perdre l’avant de la même façon, au même endroit.

Plus tard, ce serait au tour de Stefan Bradl et Luca Marini dans ce même virage. On a aussi vu cinq pilotes tomber au virage 13 (Di Giannantonio, Miller, Savadori, Rins et enfin Zarco), un au virage 8 (Aleix Espargaró) et un au virage 9 (Marc Márquez). S’y est ajouté la chute de Pecco Bagnaia, victime d’un accrochage dans le premier virage.

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Malgré toutes ces chutes, la course n’a pas été interrompue. La plupart des pilotes ont fait état de traces d’humidité à plusieurs endroits de la piste, notamment Márquez qui a indiqué ne pas avoir vu celle qui l’a piégé, ou encore Viñales qui a estimé que celle du virage 5 était impossible à voir. Pour le pilote Aprilia, la course aurait tout bonnement dû être arrêtée pour que la piste puisse être inspectée.

“À la fin, c’était sec à 95% et les 5% qui étaient mouillés se trouvaient complètement au milieu de la trajectoire”, a expliqué le pilote Aprilia. “Et surtout, dans le virage 5, on ne pouvait pas voir que c’était mouillé. Dans le tour de chauffe, en passant dans le virage 5, je me suis retourné pour voir où c’était mouillé et tout le virage semblait sec. C’était donc impossible à voir. Et dans le dernier virage aussi, c’était impossible à voir.”

“Je pense qu’après la chute de Binder et de tous les autres, la direction de course aurait dû comprendre que la piste n’était pas praticable pour ce genre de motos”, a poursuivi le pilote espagnol. “Peut-être que je suis juste passé sur la même trajectoire et je suis tombé sans aucun avertissement. Il faut qu’on soit très prudents quand la piste est dans ces conditions, car on peut très facilement subir une grosse chute.”

VIDÉO – Festival de chutes lors du sprint de Jerez !

“Je ne pense pas que ce soit une question de chance. C’est une question de piste, de conditions de piste. Il est certain que si je participe à un test, je ne sors pas dans ces conditions. J’attends que ce soit sec. C’était complètement au milieu de la trajectoire, c’est pour ça que je dis que la direction de course devrait comprendre que si on est 20, ou quelque chose comme ça, et que 14 pilotes tombent, c’est qu’il y a quelque chose. Sortez le drapeau rouge et vérifiez les conditions.”

Viñales a également fait remarquer que les pilotes ont demandé à pouvoir communiquer avec la direction de course depuis leur moto afin de signaler tout éventuel problème sur la piste afin qu’elle puisse l’examiner, mais qu’il n’en est rien sorti jusqu’à présent.

Lui-même tombé dans le dernier tour, Johann Zarco ne partage pas l’avis de l’Espagnol quant à la nécessité d’exposer le drapeau rouge lors de cette course. “Je ne suis pas d’accord parce que c’était totalement sec. Il y avait quelques flaques mais elles resteront jusqu’à demain. C’est Jerez et vraiment, c’était possible de contrôler”, a estimé le Français, jugeant que c’est au pilote de s’adapter.

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“Il fallait juste accepter qu’on serait peut-être une seconde plus lent. Au virage 5, par deux fois, je n’ai pas pu entrer, donc j’ai accepté de relever la moto, de manquer le virage et de revenir. J’ai préféré perdre du temps qu’essayer de le faire et de tomber. Si on prend ça en compte, ce n’est peut-être pas la bonne mentalité pour un pilote MotoGP, mais parfois il est nécessaire d’être prudent.”

Quant à l’impossibilité de percevoir les zones humides, Zarco pointe : “Au virage 5, on peut voir les flaques si on regarde vers le bas. Si on regarde vers le bas on les voit, si on regarde vers le haut on ne les voit pas. Ça fait 20 ans que l’on vient à Jerez donc on est censés le savoir.”

Marc Marquez, Gresini Racing crash

Marc Márquez a été piégé par l’humidité alors qu’il était en tête.

Photo : Gold and Goose / Motorsport Images

Álex Márquez a pour sa part rappelé que Jerez est une piste notoirement lente à sécher par endroits, néanmoins il voit un problème plus important dans le virage 5 depuis que le circuit a été resurfacé en 2019.

“C’est typique, mais c’est le même problème depuis de nombreuses années “, a souligné le pilote Gresini Racing. “Il faut que l’on fasse quelque chose pour éviter ces choses-là parce que c’est quelque chose là… Je pense qu’ils ont resurfacé à cet endroit, je ne me souviens pas de l’année, et depuis ce moment-là, on a ce problème. Il faut donc faire quelque chose pour éviter ça.”

Aleix Espargaró ne croit pas non plus qu’arrêter la course était la bonne solution. Cependant, lui qui est tombé dès le premier tour, il se demande si elle devait tout bonnement être lancée lorsqu’elle l’a été. “Vous avez tous vu l’état de la piste”, s’est interrogé le #41. “Je ne pense pas que le drapeau rouge ait été la solution. Une fois la course lancée, si l’état de la piste ne s’aggrave pas à cause de certaines circonstances, [elle n’a pas à être stoppée], or la piste n’était pas pire dans le dernier tour par rapport au premier. Mais le point d’interrogation, c’est de savoir si on aurait dû prendre le départ de cette course ou non. Il est vraiment difficile d’avoir une décision sur laquelle tous les pilotes soient pleinement d’accord.”

Questionné pour savoir si la course aurait dû être retardée le temps que la piste soit asséchée, Espargaró a ajouté : “J’ai parlé à Loris [Capirossi] ce matin et il m’a dit ‘oui, nous allons tout le temps dans les virages 2 et 5 pour essayer d’assécher la piste avant les séances, mais le temps a manqué’. Alors, pour moi, c’est très dangereux d’avoir des motos aussi puissantes qui roulent en slicks quand il y a des plaques d’eau. Mais c’est difficile aussi pour la direction de course, car comment contrôler qu’un pilote ne mette pas des slicks à la fin de la Q2 et ne prenne pas de risques ? C’est vraiment trop difficile.”

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