Encore un Grand Prix et encore un week-end sensationnel de la part de Pedro Acosta ! Le rookie de cette saison MotoGP n’en est qu’à son troisième Grand Prix dans la catégorie reine et, déjà, sa présence sur le podium ne surprend plus personne. Pour décrocher la deuxième place, dimanche, il s’est battu contre les plus grands noms de la série et a mené plusieurs tours avant de ne finalement céder que face à un Maverick Viñales qui semblait capable de tout pendant ce week-end.

Battu de seulement 1″7 à l’arrivée, Acosta a vite oublié la déception qui était la sienne 24 heures plus tard quand la troisième place du sprint lui a échappé. Et le compteur s’affole : le voici quatrième du classement général, à cinq points de la deuxième place et 26 du leader. Il devance notamment le champion en titre Pecco Bagnaia et le pilote officiel KTM Brad Binder.

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L’excitation qu’entraînent ses performances s’accompagne aussi de prédictions toutes plus ambitieuses les unes que les autres. Troisième au Portugal et maintenant deuxième au Texas : les paris restent ouverts pour savoir quand Pedro Acosta arrivera à franchir la dernière marche et s’il battra le record de précocité aujourd’hui détenu par Marc Márquez.

Quant au championnat, il ne souhaite pas accorder d’attention à la tournure qu’il prend. Lui qui a souvent dû faire face à la pression depuis son arrivée en Grand Prix, là aussi revers de la médaille pour des performances très vite extrêmement impressionnantes, le jeune pilote espagnol entend calmer le jeu et rester concentré sur son adaptation.

“Commençons à penser à Jerez et pas au championnat”, répond-il au site officiel du MotoGP lorsque ses chances de titre sont évoquées. “Tout ce que les gens disent, ça n’est que de la pression. On vit un moment très sympa avec la moto, l’équipe, Pierer Mobility, alors on va savourer ce moment. Évidemment, on croise les doigts, [pour peut-être] réussir à se battre au championnat toute la saison, mais ça n’est pas la priorité à l’heure actuelle.”

“Le rookie qui joue les vieux briscards !”

Bluffé depuis le début par son pilote, Hervé Poncharal s’est dit particulièrement impressionné par sa maturité après cette course à Austin. Le choix du pneu arrière s’y est révélé délicat, à tel point qu’on a vu de nombreux pilotes hésiter jusqu’au dernier moment et quelques grands noms, notamment Binder et Márquez, changer de gomme sur la grille.

“Il écoute tout”, racontait le patron de l’équipe Tech3 au micro de Canal+ juste après l’arrivée. “Hier, il était un petit peu déçu d’avoir manqué le podium. On était en pneu tendre derrière comme tout le monde, et vu son style de pilotage, il souffrait plus que les autres avec ce pneu. Au final, il a décidé ce matin ‘je prends le medium’.”

“Sur la grille, tout le monde a craqué à part Maverick et lui, et ils font un et deux. Quand on est un rookie et qu’on voit les Pecco et les Martín qui doutent, ça veut dire pas mal de choses. Je pense que c’est aussi là qu’il est fort, quand il a pris une décision il la prend quoi qu’il arrive et aujourd’hui ça a payé. C’est le rookie qui joue les vieux briscards !”

Pedro Acosta a fait le bon choix sur la grille de départ.

Pedro Acosta a fait le bon choix sur la grille de départ.

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Relatant lui-même les instants qui ont précédé le départ, Pedro Acosta a assuré être bien moins sûr de lui qu’il n’y paraissait, puisque depuis son emplacement sur la première ligne de la grille, il observait l’affairement autour de ses adversaires, et notamment du poleman, une situation à laquelle il n’a pas été habitué en Moto2.

“C’était un peu dur aujourd’hui, parce qu’on n’avait pas testé le pneu medium de tout le week-end [sauf au warm-up, ndlr] et c’était une interrogation pour moi parce qu’en Moto2, on utilise le même composé toute la saison. J’étais un petit peu nerveux sur la grille quand je voyais son chef mécano [il montre Viñales du doigt] qui parlait à tout le monde ! Je me disais ‘punaise, qu’est-ce qu’il va faire !’.”

S’en tenir à son feeling a donc été le bon choix pour le jeune pilote et sa performance n’a souffert d’aucune faiblesse. Après ces trois premiers Grands Prix, il insiste toutefois sur le fait qu’il lui reste des progrès à faire en dépit de chronos qui semblent arriver facilement.

“On progresse. Pour le moment, je ne sais pas où se trouve la limite de la moto. Vous voyez que je ne tombe pas beaucoup, ça veut dire que j’ai encore de la marge”, estime-t-il. “On ne touche pas vraiment aux réglages de la moto, j’ai les mêmes depuis le test de Valence. On ne se concentre que sur la manière dont je pilote la moto.”

“Il y a parfois des moments où j’ai un style similaire à celui du Moto2, parfois je bloque un peu les pneus ou quoi. Mais c’est un état d’esprit différent à avoir entre les pneus Dunlop en Moto2 et ces pneus Michelin en MotoGP. On essaye donc de plus travailler sur moi que sur la moto et de trouver ma limite.”

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