Il reste tout juste un mois de compétition, un mois qui met encore en jeu tellement de points qu’il peut faire basculer la course au titre. On sait à présent que la couronne ira à un pilote Ducati, puisque seuls les quatre premiers du championnat conservent des chances mathématiques de l’emporter.

L’avantage va à Jorge Martín, qui affiche une marge de dix points sur le champion sortant Pecco Bagnaia après avoir vu l’écart se réduire lors des deux derniers rendez-vous. Bien conscient que le yo-yo entre eux peut se poursuivre, et qu’Enea Bastianini et Marc Márquez, malgré leur désavantage, peuvent encore peser dans l’équation, l’Espagnol reste prudent au moment d’évaluer ses chances de décrocher le titre.

“C’est un grand rêve, donc ça me ferait vraiment quelque chose”, admet-il dans une interview pour le site officiel du MotoGP. “Mais je sais que je peux gagner et je sais aussi que je peux ne pas gagner. Pour moi, c’est du 50-50 : à 50% je peux gagner et à 50% non. Ce pourcentage changera avec les courses, mais pour le moment c’est 50-50. Si je ne gagne pas, j’essaierai à nouveau la saison prochaine.”

La saison prochaine, c’est sur l’Aprilia qu’il courra. Or, Martín pourrait rejoindre son nouveau constructeur avec le titre en poche et donc priver Ducati du #01 sur le carénage de son pilote leader. Malgré tout, lui dit ne pas être sûr de vouloir de ce numéro si symbolique sur sa future RS-GP. “Je vais me battre afin d’avoir la possibilité de décider si je prends le n°1 ou le 89. Mais je ne pense qu’au résultat”, assure-t-il dans un sourire.

Jorge Martin, Pramac Racing

Jorge Martín a encore quatre Grands Prix pour tenter d’atteindre son rêve.

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Au lieu de se projeter sur ce sacre qui lui a déjà échappé l’an dernier lors du dernier Grand Prix, Martín préfère affûter ses armes, et justement il a la certitude d’avoir gagné en solidité. “En février, quand on a repris après la pause, je ne voulais pas remonter sur la MotoGP”, avoue-t-il pourtant. “J’avais beaucoup de craintes parce que je ne savais pas si j’allais réussir à être rapide à nouveau, comme l’année d’avant. Puis, quand je suis monté sur la moto, j’ai compris que c’était inchangé, que j’étais toujours rapide et que je pouvais me battre. Mon objectif maintenant est de me battre, de me donner à 100%.”

“C’est plus facile quand on est derrière : il suffit d’attaquer. C’est un peu plus difficile quand on est devant, parce qu’on réfléchit plus. Ma stratégie cette année a été de me dire que, même si je suis devant, je pense que je suis derrière. J’essaye tout le temps d’attaquer, encore et encore, de me donner à 100%, sans beaucoup penser au reste. Je ne me focalise pas sur ce que je ne peux pas contrôler.”

“Je me sens un peu plus fort parce que je me suis amélioré un peu partout. Je n’ai pas le sentiment d’être plus rapide, alors que l’année dernière j’avais peut-être plus de vitesse que les autres. Je trouve qu’on est assez proches, avec Pecco, Enea et Marc, on est tous similaires, cependant je suis plus fort parce qu’il y a d’autres points sur lesquels je suis meilleur.”

“Cette année, je dors parfaitement bien !”

En l’occurrence, c’est dans son approche mentale que le vice-champion en titre a progressé, lui qui a parfois pu être paralysé par la pression. Il a identifié cet aspect perfectible dans sa manière de vivre les courses et s’est souvent ouvert sur l’aide requise auprès d’un psychologue du sport. C’est aujourd’hui, alors que l’on entre dans la phase aigüe de cette lutte au long cours, qu’il devrait véritablement en tirer profit, bien que cela lui ait déjà permis de mieux vivre le championnat jusqu’ici.

“Là où j’ai beaucoup progressé, c’est sur l’aspect mental. C’était difficile la saison dernière, je n’arrivais pas à gérer la pression. J’avais beaucoup de mal à la supporter, je ne savais pas comment faire. Sur les courses, je n’arrivais pas à dormir, alors j’ai compris que j’avais besoin d’aide pour aborder les week-ends et la pression”, évoque-t-il à nouveau dans cette interview.

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“Cette année, j’ai commencé à travailler sur mon mental. Je crois que c’était important pour moi, pour au moins avoir les outils afin de gérer les situations et de comprendre comment aborder les week-ends, mais aussi les mauvais résultats. Je pense que ça a été la clé de la saison. Peut-être que la saison dernière, je gambergeais trop, j’essayais d’imaginer ce qui pouvait se passer, mais ça n’est pas la bonne façon de faire. J’étais peut-être trop obsédé par le résultat, j’essayais juste de gagner, gagner, gagner et ça n’est peut-être ça qui m’aide.”

“Maintenant, j’essaye de me concentrer plus sur moi-même, d’apprendre de toutes les situations. Il ne s’agit pas que de gagner. Je donne le meilleur de moi-même, si je gagne tant mieux, mais sinon je peux vivre avec. Je crois que c’est la leçon principale que j’ai tirée de la saison dernière. Cette année, je dors parfaitement bien alors je pense qu’on a fait du bon boulot !”

“Je sens la pression mais ça me va. Comme on dit à Roland Garros : la pression est un privilège ! Je me sens chanceux de l’avoir, tout le monde ne peut pas la ressentir et c’est parce qu’on est forts et qu’on se bat pour de gros prix.”