Franco Morbidelli s’est livré plus que jamais sur l’accident dont il a été victime le 30 janvier dernier. Lors d’une session d’entraînement sur le circuit de Portimão, destinée à remettre quelques pilotes dans le rythme avant la reprise des tests hivernaux, il a lourdement chuté. Les frères Márquez, premiers arrivés sur les lieux, lui avaient porté secours, s’inquiétant alors de la position dans laquelle le nouveau pilote Pramac s’était arrêté en piste après avoir subi un choc à la tête.

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Habitué à être un homme de peu de mots, Franco Morbidelli révèle près de huit mois plus tard que son état s’est avéré préoccupant au-delà des deux jours qu’il a passés à l’hôpital à Faro. “La vérité sur cet accident, on ne vous l’a jamais racontée totalement”, explique-t-il dans une interview accordée au journal italien La Repubblica, avant de lever le voile sur les conséquences de sa chute dans les jours qui ont suivi.

“J’ai perdu la mémoire. Pendant deux semaines. Je ne reconnaissais pas des personnes qui me sont très proches, des membres importants de ma famille. Ça semblait impossible, et pourtant. J’ai eu toutes les peurs du monde. Toutes. Heureusement, on a vu que les souvenirs et la lucidité revenaient, petit à petit. Chaque jour, un détail, quelque chose de plus : mon cerveau recommençait à fonctionner comme avant”, raconte-t-il.

Absent de tous les essais d’avant-saison, Morbidelli était par contre bel et bien au rendez-vous pour le premier Grand Prix du championnat, moins d’un mois et demi après son accident. “Deux semaines avant ce rendez-vous, j’étais encore un peu ‘gaga’. Mais toute mon équipe chez Pramac et la famille sportive qui m’entoure ont été formidables”, assure-t-il.

“Remonter sur la moto a été un challenge très dur : en somme, je ne le faisais plus depuis trois mois, depuis la dernière course de 2023, à Valence. Pendant un mois, je ne me suis pas entraîné. Je sortais d’une mauvaise blessure, que la seule manière de surmonter est de rester immobile : tu te sens bien, mais les gens qui t’entourent savent que ça n’est pas vrai.”

S’il lui a encore fallu du temps pour se remettre dans le rythme et effacer toutes les séquelles de ce choc, il se montre aujourd’hui soulagé. “Il y a encore plusieurs choses dont je ne me souviens pas, mais ça arrivait aussi avant Portimão !” fait-il remarquer en riant. “J’ai toujours été quelqu’un de distrait, la tête dans les nuages. Oui, tout va bien. Mais ça n’a pas été facile.”

Franco Morbidelli a terminé troisième du sprint du GP de Saint-Marin.

Franco Morbidelli a terminé troisième du sprint du GP de Saint-Marin.

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Parfois jugé durement alors que ses débuts au guidon de la Ducati étaient en réalité perturbés par cet accident, Morbidelli a tenté de ne pas se laisser abattre, lui qui avait tant attendu de pouvoir piloter une moto aussi compétitive. “Après deux années difficiles avec la Yamaha, tu prends un coup comme ça et tu te dis que c’est le coup de grâce. Mais j’ai serré les dents.”

“La vie peut nous mettre à l’épreuve d’un moment à l’autre. Je peux vraiment dire que j’en ai vu de toutes les couleurs, mais chaque fois on apprend qu’il faut être assez fort pour gérer l’adversité”, ajoute Franco Morbidelli, qui veut retenir une chose : “En tant qu’homme, cela ne fait aucun doute : j’ai la chance d’avoir à mes côtés ma mère, ma fiancée, ma famille. J’ai découvert que j’étais très aimé, j’espère le mériter.”

Aujourd’hui totalement remis, Morbidelli voit aussi ses résultats s’améliorer. Il a décroché sa première médaille au sprint il y a deux semaines, lors du GP de Saint-Marin, et s’est classé trois fois parmi les six premiers des courses principales depuis le Mugello. Ce vendredi, pour le deuxième Grand Prix organisé à Misano, il a signé le sixième temps des Essais, après avoir fait troisième ce matin en EL1.

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