Avec des caractéristiques uniques dans la saison MotoGP, le circuit de Phillip Island a tout d’un challenge à part. C’est d’autant plus vrai pour Michelin, qui doit mobiliser des pneus spécifiques pour ce Grand Prix, avec en mémoire quelques visites passées particulièrement difficiles à gérer.

Phillip Island, c’est d’abord un cadre très atypique, en bord de mer, qui s’accompagne d’une météo comme seules les îles peuvent en réserver, et ce d’autant plus en cette saison. Le souvenir de l’édition 2023 suffit à nous le rappeler, lorsqu’une alerte à la tempête avait poussé les organisateurs à annuler la journée du dimanche et à anticiper le Grand Prix au samedi, avec à la clé la victoire de Johann Zarco.

Le circuit australien a aussi la particularité d’être asymétrique, avec cinq virages à droite et sept à gauche, parmi lesquels certains sont ultra rapides, ce qui requiert des gommes spécifiques pour répondre à un niveau de sollicitation parfois extrême. Les pneus proposés y sont donc toujours différents de chaque côté, avec l’écart le plus marqué de la saison entre le mélange de gomme à droite et à gauche.

Cerise sur le gâteau cette année, le circuit s’est doté d’un nouveau bitume. Ça non plus, ça n’est vraiment un bon souvenir à Phillip Island, puisqu’en 2013 on avait dû imposer une réduction de la course et un changement de moto en cours de route, car les pneus (Bridgestone à l’époque) se consumaient trop vite sur l’asphalte récemment posé. Marc Márquez, disqualifié pour avoir loupé le coche ce jour-là, s’en souvient mieux que personne…

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Face à l’étendue des contraintes qui s’annoncent, Piero Taramasso admet que le week-end à venir ne sera pas aisé pour Michelin. Il a donc fallu prévoir une allocation qui anticipe autant que possible les difficultés pouvant se présenter.

“Déjà, en soi, le tracé de Phillip Island est très particulier parce qu’il est le plus asymétrique du calendrier en termes de sollicitations des pneus. Ça n’est pas un hasard si nous apportons uniquement des solutions asymétriques tant à l’avant qu’à l’arrière, avec des composés très tendres sur le côté droit et très durs à gauche, précisément car il y a énormément l’angle d’inclinaison de ce côté-là. La tendance est donc que la température y grimpe beaucoup, voire que l’on arrive à la surchauffe”, explique le responsable deux roues de Michelin Motorsport à l’édition italienne de Motorsport.com.

VIDÉO – Un tour virtuel du circuit de Phillip Island en caméra embarquée

“Il y a aussi un nouvel asphalte, et nos concurrents ont toujours eu des problèmes dans ces conditions sur ce circuit”, se souvient Piero Taramasso. “Il a déjà fallu réduire la durée des courses ou imposer des changements de moto parce que quand l’asphalte est neuf, cela génère toujours des problèmes d’usure des pneus. On appelle d’ailleurs Phillip Island ‘le cauchemar des manufacturiers pneumatiques’, alors on sait que ça ne sera pas un week-end facile.”

Comme chaque fois que le championnat se rend sur un circuit dont le manufacturier n’a pas pu expérimenter le bitume, un pneu supplémentaire vient enrichir l’allocation de base. Michelin a cependant décidé de le limiter à la gamme de pneus arrière, tandis qu’à l’avant, où les gommes sont moins sollicitées, les trois options de l’an dernier seront conservées. Il est toutefois à noter que le pneu arrière medium de la saison dernière (le plus utilisé) sera le soft cette fois. S’y ajoutent deux pneus présentant la construction renforcée déjà vue à Mandalika, afin de palier à d’éventuels problèmes de surchauffe entraînés par les contraintes sur les gommes.

“Le pneu soft fonctionnera sûrement pour faire les tours qualifs, mais je crois qu’il devrait aussi être en mesure de faire le sprint. Ce sera donc un peu le pneu de référence”, souligne Piero Taramasso. “En ce qui concerne la course longue, il faudra voir si elle pourra se faire avec ce pneu ou s’il faudra passer sur une construction plus résistante à la température.”

Que dit la météo pour le GP d’Australie ?

Si l’on en croit les prévisions météo, le GP d’Australie sera à la hauteur de sa réputation cette année. Les températures prévues sont très fraîches, ne dépassant pas 17°C au meilleur de la journée, et avec des matinées oscillant entre 10 et 11°C tout au plus. Le vent pourrait poser problème dans les portions les plus ouvertes de la piste, notamment en début de week-end. C’est là aussi que le risque de pluie est le plus important, car on annonce des averses pour la première journée d’essais…

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