Le test du pneu avant que Michelin prévoyait de lancer en compétition la saison prochaine a généré des réactions contrastées à Misano. Si Pecco Bagnaia a “adoré” les sensations procurées par cette nouvelle architecture, conçue pour réduire la sensibilité aux fortes variations de température et de pression quand des pilote se suivent, ses rivaux ont été nombreux à se montrer déroutés, avec une certaine sensation de lourdeur.

Maintenant que les données du test ont été étudiées, Michelin a décidé de repousser l’introduction de son nouveau pneu. Le manufacturier clermontois estime que les gommes actuelles n’ont pas atteint leurs limites et Piero Taramasso pense qu’il est possible d’apporter des modifications pour moins perturber les pilotes dans leurs sensations.

“Après le test de Misano, nous avons analysé tous les résultats, à la fois les commentaires des pilotes et les données, et nous avons décidé que le nouveau pneu avant ne serait pas introduit en 2025, comme c’était prévu initialement, mais que nous le ferions plus tard”, a expliqué le responsable de la compétition deux roues de Michelin dans une interview accordée à l’édition italienne de Motorsport.com.

“De nombreuses raisons nous ont menés à cette décision. L’une d’elles est que nous avons introduit cette année une nouvelle gamme de composés, à la fois à l’avant et à l’arrière, et sur tous les circuits, sur la base des chronos, nous avons vu qu’ils fonctionnent et sont bons aussi bien en termes d’adhérence que de performance, parce que nous avons battu pratiquement tous les records. Ils ne sont cependant pas encore arrivés à la limite, il y a donc encore de la marge avec ces pneus. C’est pourquoi nous avons décidé de miser sur la continuité et de continuer [à utiliser] ces pneus la saison prochaine.”

“Une autre raison est que, certes, le test de Misano s’est bien passé, car les commentaires des pilotes étaient assez similaires. Ils ont tous senti qu’il y avait du potentiel avec ce pneu, qu’il y avait plus de grip et que, bien qu’il bougeait un peu plus, il offrait de bonnes sensations et un bon feedback. Cependant, ils ont également tous souligné que le comportement était différent par rapport à celui du pneu actuel, qu’il faut donc du temps pour s’habituer aux sensations et qu’il faut par ailleurs adapter le style de pilotage. Or, ce sont des choses qui demandent du temps. Certains pilotes ont réussi à trouver leurs marques en peu de tours, mais nous savons déjà qu’un nouveau pneu avant demande du temps avant d’être compris et assimilé.”

Francesco Bagnaia, Ducati Team

Pecco Bagnaia

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Michelin va donc faire quelques ajustements au cours des prochaines semaines, minimes selon Taramasso, et compte ensuite offrir de nombreuses opportunités aux pilotes de tester ce nouveau pneu. Son introduction en compétition est programmée pour 2026, pour la dernière année de la génération actuelle de motos, mais il restera en 2027 quand le nouveau règlement entrera en action.

“Du côté de chez Michelin, nous voulons continuer à travailler et apporter encore quelques modifications afin d’améliorer le produit. Nous savons que nous pouvons le faire sans le révolutionner. La base est bonne, il y a du potentiel, mais il est possible de vraiment faire un bon produit avec peu de modifications. Cependant, nous avons besoin de faire plus de tests.”

“Nous apporterons déjà une nouvelle version à Valence, puis aux tests de Sepang et de la Thaïlande. Ensuite, nous le testerons tout au long de la saison 2025 sur des pistes et dans des conditions différentes. C’est un autre point important, car on ne peut pas se baser uniquement sur un test d’une demi-heure à Misano pour prendre la décision de l’introduire en course.”

“C’est un choix qui doit être fait plus avec la tête qu’avec le cœur, même s’il est vrai que nous aimerions le voir tout de suite en piste. Toutefois, le choix le plus raisonnable est de vérifier d’abord qu’il fonctionne sur d’autres circuits et dans d’autres conditions. Il ne faut pas être pressé, car une fois que le choix est fait, on ne peut plus revenir en arrière. Nous pensons donc que c’est le bon choix.”

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L’architecture du nouveau pneu a également été pensée pour modifier la façon dont il est fabriqué. Cette année, Michelin conçoit les pneus avant et arrière dans deux usines distinctes autour de Clermont-Ferrand, le premier sur le site de Cataroux et le second sur celui des Gravanches pour l’arrière, avec un procédé plus avancé pour ce dernier, dans une machine dont le fonctionnement se rapproche de celui d’une imprimante 3D. Michelin a prévu de fabriquer le nouveau pneu avant avec le même procédé aux Gravanches.

“Dès le début, nous avons eu de très grandes ambitions pour ce pneu, car il est né avec un nouveau procédé industriel, qui nous permettra à l’avenir de faire des évolutions techniques plus rapides et plus avant-gardistes”, a précisé Taramasso, détaillant des changements qui ne s’arrêtent pas là : “Nous avons utilisé de nouveaux matériaux, il s’agit d’ailleurs d’un pneu plus léger, avec un nouveau profil, qui devrait moins subir les variations de pression et de température.”

“Nous en sommes proches, mais nous ne sommes pas encore là où nous voulions être, nous préférons donc prendre encore un peu de temps et proposer ensuite un pneu qui fonctionne bien partout, et surtout pour toutes les marques et tous les pilotes. Après, il ne faut pas oublier que ce pneu sera celui qui accompagnera l’évolution des motos, car il clôturera le cycle des motos actuelles et fera débuter les nouvelles motos en 2027, il sera donc l’un des éléments qui garantiront la stabilité entre l’ancien et le nouveau règlement.”

Avec Matteo Nugnes et Léna Buffa

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